| Seong Gi-hun, un homme endetté et désespéré, accepte, avec 455 autres participants, une invitation à participer à un jeu mystérieux. La cagnotte à remporter est colossale et suffisante pour régler toutes leurs dettes. Les participants sont entraînés dans des jeux d’enfants transformés en épreuves mortelles. La règle est simple : seul le gagnant survit. |
Pourquoi la série Squid Game captive-t-elle autant ?
La série Squid Game a explosé sur Netflix, et ce n’est pas un hasard. Squid Game est bien plus qu’un phénomène marketing divertissant : c’est une critique acerbe de la société moderne, et ses messages résonnent profondément à l’heure actuelle. Elle met en lumière des problématiques profondes de la société sud-coréenne mais également universelles: surendettement des citoyens (un problème alarmant qui place la Corée en tête des pays asiatiques dans ce domaine), inégalités sociales croissantes, perte des connexions humaines, quête effrénée d’argent facile et sentiment de vide existentiel ressenti par ceux qui ne parviennent pas à trouver leur place.
Les personnages, poussés à l’extrême, font des choix moraux de plus en plus durs. Les alliances et trahisons se multiplient, exposant la fragilité des liens humains dans un système où la survie de l’individu est la seule règle. La série nous interroge sans détour : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour survivre dans un monde où l’individualisme règne en maître ?
L’intelligence du spectateur est également mise à l’épreuve par un véritable jeu de piste. Chaque détail, qu’il s’agisse de gestes, de décors ou de paroles, livre des indices essentiels pour décrypter l’histoire et préparer le terrain pour la saison 2 et 3.
10 ans de refus
En somme, Squid game avait tout pour devenir une série culte. Et pourtant son créateur, Hwang Dong-hyeok, fan de Battle Royal et Liar Game, a mis 10 ans avant de trouver un studio qui accepte son scénario perçu comme peu crédible. C’est Netflix , au bord du gouffre financier, qui lui donne sa chance en 2019. La saison 1 sortira en 2021, en pleine crise COVID-19, une époque marquée par une crise mondiale avec au quotidien une population se battant du PQ et des pâtes dans les magasins. Dans ce chaos mondial, Squid Game explose l’audience en quelques jours et sauve Netflix de la faillite.
Esthétique enfantine et violence brute
L’esthétique de Squid game est basée sur les opposés . Tout d’abord sur l’opposition entre les décors enfantins et colorés (avec un petit clin d’oeil aux escaliers de Harry Potter), les jeux d’enfants (1.2.3 piano) avec l’atrocité de leurs conséquences (au mieux une balle dans la tête). Les masques des gardes et les symboles hiérarchiques (cercles, triangles, carrés) renforcent l’idée d’un système de pouvoir déshumanisant et totalitaire. Ensuite, l’opposition entre la situation désastreuse de certains personnages et leurs comportements au fil des épisodes, passant pour le spectateur d’un mode compassion à celui de répulsion.
Promotion de la saison 2 de Squid Game à Madrid





Histoires vraies et fake news
Les réseaux sociaux se sont emparés du phénomène distillant diverses informations sur des histoires soit-disant historique sur lesquelles se serait inspiré Hwang Dong-hyeok pour développer son scénario.
Vrai. La série s’inspire de réalités sociales, outre le fait d’aborder la situation des immigrés à travers le personnage d’Ali, l’histoire du N°456 fait écho à la prise de l’usine de Ssangyong Motor. Comme le personnage, 2 600 ouvriers ont été licenciés après la reprise de l’entreprise en 2009. Leur grève de 77 jours s’est soldée par une violente répression et des licenciements en masse sans parler des poursuites judiciaires.
Vrai. Squid game se rapproche de l’histoire du camp de Brothers Home. Situé à Busan, ce lieu de détention, actif entre les années 1970 et 1980, était présenté comme un refuge pour les sans-abri, les enfants vagabonds et les personnes endettées. En réalité, il s’agissait d’un centre de rééducation dans un but de purification sociale où des milliers de personnes en situation précaire y ont travaillé de force dans des conditions inhumaines. Faux. Comme si la réalité n’était pas déjà assez glauque, des images générées par l’IA ont circulé montrant des lieux abandonnés étrangement similaires à ceux de la série. Elle se serait donc soit-disant inspirée d’une histoire vraie d’enfants enlevés, torturés et tués en toute impunité.
Les personnages phares de la saison 2
Gong Yoo (Le Recruteur)
Plutôt discret dans la saison 1, le personnage du Recruteur incarné par le charismatique Gong Yoo (Dernier train pour Busan, Pour seul bagage) explose dans la saison 2. Il faut dire qu’il offre un jeu d’acteur exceptionnel dans deux scènes d’anthologie. La première est celle du jeu de la roulette russe (voir la séquence ci-dessous) et la seconde où il demande à des sans-abris de choisir entre recevoir un pain ou un billet de lotto. Sa diatribe en conclusion est mythique.
Choi Seung-hyun (Thanos le rappeur)
Autre personnage qui crève l’écran dans la saison 2 est celui du rappeur Thanos (matricule 230). Le rebelle aux cheveux colorés agace tout autant qu’il fascine. Choi Seung-hyun, alias T.O.P, lui-même ancien chanteur au sein du groupe de K-Pop BigBang, a vu sa carrière s’arrêter à cause de ses démêlés judiciaires. En Corée, cela ne pardonne pas. Son personnage fait grandement écho à sa propre vie.
Park Sung-hoon (Hyun-ju, le Transgenre)
Le personnage de Hyun-ju est un ancien soldat des forces spéciales venu pour gagner de l’argent afin de terminer sa transformation. L’acteur a fait polémique car beaucoup se sont demandés pourquoi le choix ne s’est pas porté sur une actrice transgenre ? La réponse du réalisateur a été simple: c’est une situation très délicate en Corée et personne n’était prêt à prendre le risque de s’afficher ouvertement Transgenre.
Une série qui va au-delà du divertissement
Squid Game ne se contente pas de divertir. Elle interroge notre rapport à l’argent, au pouvoir, à la morale et à la solidarité dans un monde de plus en plus polarisé. Elle est aussi le miroir d’une société avec ses codes moraux et ses diktats. Comme dit précédemment, la série nous confronte à la question ultime : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour survivre ? Et cette question est universelle.


